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Ellen Joos : « Ma thèse en cotutelle repose sur la coopération entre la France et l’Allemagne ! »

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J’ai effectué ma thèse dans le domaine des neurosciences, dans le cadre d’une convention de cotutelle entre l’Université de Strasbourg et l’Albert-Ludwigs-Universität Freiburg. Le fondement de ma thèse repose donc déjà sur la coopération entre la France et l’Allemagne !

Je me suis intéressée à la question de la perception humaine. Il est très important de comprendre que le monde n’est pas tel que nous le voyons. Nous vivons dans un monde à trois dimensions mais ne possédons que des rétines à deux dimensions. Cela signifie que dans la première étape de la vision, nous perdons déjà une dimension, que le cerveau doit reconstruire.

Toute information sensorielle traitée par le cerveau doit être reconstruite, si bien que tout processus de perception s’accompagne d’une certaine incertitude. Dans ma thèse, je me suis intéressée à ces processus incertains : j’ai étudié en particulier dans quelle mesure certaines réponses neuronales se distinguent selon que le cerveau se trouve dans un état de certitude ou d’incertitude. Chez des volontaires sains, j’ai montré que la réponse neuronale est la même lorsque le cerveau voit une figure géométrique ambiguë ou différents niveaux de visibilité des expressions émotionnelles. Ensuite, j’ai analysé cela chez des patients atteints de schizophrénie, et j’ai étudié à quel point notre perception présente est influencée par nos perceptions passées et nos attentes vis-à-vis de l’avenir.

La plus-value de cette coopération réside à mes yeux dans trois aspects : l’échange méthodologique ; le fait que j’ai pu travailler avec des services psychiatriques des deux pays ; et la possibilité qui m’a été donnée de participer à deux programmes de formation doctorale, ce qui va faciliter la préparation de mes prochains cours.

Dans le cadre de mes futures recherches, j’aimerais entre autre chose rendre la recherche en neurosciences plus "compatible avec le quotidien", c’est-à-dire prendre mes distances avec les conditions très strictes du travail en laboratoire dans lesquelles par exemple on contrôle que les rideaux sont opaques, qu’aucun bruit venant de l’extérieur n’est perceptible, etc. J’aimerais me diriger vers un type de recherche plus proche de notre expérience du quotidien. Pour cela on peut utiliser par exemple les méthodes de la réalité virtuelle, qui permet elle aussi de contrôler les paramètres extérieurs mais également d’utiliser davantage de stimuli.

Je conseillerais absolument aux étudiants de concourir pour ce prix l’an prochain. D’une part, un tel prix décerné par nos universités riches de tradition favorise la poursuite de carrière, d’autre part il est important d’augmenter la visibilité de son domaine de travail grâce à ces prix et d’attirer l’attention sur son sujet de recherche. Personnellement, ce prix m’aide à attirer davantage l’attention sur mes recherches et, je l’espère, à obtenir davantage de financements pour mes projets de recherche futurs.